Cependant, presque tous les parcours archéologiques sont inévitablement souterrains, plaçant tous les bâtiments actuels sur une planimétrie vieille de 2000 ans, ce qui les rend, sans doute, encore plus impressionnants, passant entre sous-sols et caves : de la Cathédrale aux bureaux de l’Office du tourisme, de l’Église San-Giuseppe au siège historique de la Caisse d’épargne. Un archéologue vous conduira au cours de cette immersion dans la ville romaine.
Bien plus visible, en revanche, l’architecture médiévale d’Alba dans les quelques tours qui se dressent encore dans le ciel comme dans les nombreuses tours, aujourd’hui confinées aux toits des maisons. Les observateurs attentifs pourront remarquer que les façades et les angles des édifices conservent encore les symboles de l’ancienne puissance. De retour à nos jours, notre itinéraire part du centre administratif et religieux d’Alba, la Piazza Risorgimento, pour tous Piazza Duomo, où donnent la Cathédrale de San Lorenzo et l’Hôtel de Ville et où s’élèvent les plus hautes tours médiévales. La Cathédrale de San Lorenzo est le résultat de nombreuses rénovations (au moins quatre églises ont vu le jour sur cette place, et plusieurs temples romains bien avant) dont la décisive a été réalisée à la fin du XIXe siècle par Arborino Mella, suivant des styles et des diktats du néogothique. Dans l’ordre chronologique, la première église a été édifiée au VIe siècle et, outre plusieurs vestiges, nous a laissé des fonts baptismaux très importants avec une cuve permettant l’immersion totale. La deuxième église fut construite vers l’an Mille et, curieusement, la nef a été divisée en trois pour inclure précisément les fonts baptismaux paléochrétiens Le premier clocher date également du Xe ou XIe siècle, tandis que le clocher actuel, construit autour du précédent et utilisé comme pilier central pour soutenir l’escalier d’accès, date du XIIe siècle, tout comme les beaux portails en grès. On peut donc envisager qu’il a eu un premier élargissement autour du XIIe et XIIIe siècle concernant la façade et le clocher, sur lequel il est parfois possible de monter pour admirer la ville de 40 mètres de haut.
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Alba, en blanc et rouge
En savoir plusLa troisième église a été érigée à partir du bas (en démontant les portails et en gardant le clocher) à la fin du Moyen Age à l’initiative du grand rénovateur de la ville, Mgr Novelli. C’est une structure de style gothique tardif avec une nef divisée en trois, à croix latine, avec un portique et une élégante fenêtre sur la façade qui se trouvait à la place de l’actuelle rosace. Au fil des siècles, le Duomo a été remanié à plusieurs reprises. Mais, jamais autant que ne l’a fait l’architecte Mella au milieu du XIXe siècle, qui remania l’église sous sa quatrième forme, celle du style néogothique. L’architecte refit la façade en ajoutant l’énorme rosace, les quatre pinacles, les niches avec les statues (symbolisant les évangélistes et le nom A.L.B.A.) et les six chapelles latérales ainsi que l’abside à plusieurs côtés, et, peut-être, en érigeant les six piliers reliés par des voûtes d’ogive. Les œuvres picturales, composées principalement de grandes toiles de peintres locaux datant du XVIIIe et du XIXe siècle, ne portent pas de signatures célèbres, mais le Duomo réserve pourtant de nombreuses surprises. Tout d’abord le chœur en bois réalisé en 1512 par l’ébéniste originaire de Crémone Bernardino Fossati da Codogno ; puis, toujours dans l’abside, la statue sculptée dans le bois de la Madonna Assunta, attribuée à Antonio Roasio originaire de Monregale. Remarquable, également, la Chapelle de San Teobaldo, riche en toiles du XVIIIe siècle, qui abrite également l’arche en marbre du Saint ; à l’entrée les très beaux fonts baptismaux en marbre datant de 1503 et le grand orgue de tribune.
Enfin, ne manquez pas le Musée Diocésain dans la Crypte de San Pietro (on y accède par la Piazza Rossetti ou par une porte à gauche du presbytère), avec un musée lapidaire intéressant présentant des reliques allant de l’époque romaine à la fin du Moyen Age. Depuis la crypte, on entre ensuite dans les souterrains fascinants du Duomo, où l’on peut voir la stratigraphie du site et la cuve des fonts baptismaux datant du VIe siècle. Une bonne surprise, pour finir : l’ensemble de la visite est accessible à tous. Après être remonté à la surface, nous revenons sur la place, où se dresse la Mairie depuis le XIVe siècle, tandis que les édifices, en face, avec leurs portiques rappellent davantage le style Baroque, le style humbertien et liberty (bien que le tout repose sur un structure médiévale solide). Et c’est précisément le côté mondain avec ses portiques très piémontais, ses cafés, ses boutiques, ses terrasses et ses restaurants. Dans l’Hôtel de Ville, le beau salon du conseil abrite quelques chefs-d’œuvre, parmi lesquels une toile de Macrino. A côté de la Mairie, se trouvent les bureaux de l’Office du Tourisme « Langhe Monferrato et Roero » et juste après, le Centro Studi (Centre d’Études) « Beppe Fenoglio », à l’intérieur de la maison de l’écrivain, avec une documentation précise sur toute l’histoire d’Alba ; au dernier étage, il est également possible de voir l’extraordinaire « Anticamera della morte » de Pinòt Gallizio.
Beppe Fenoglio, l’un des plus grands écrivains du XXe siècle, originaire d’Alba, n’écrivit que sur Alba et Langa, racontant, dans un style avant-gardiste, les misérables vies des paysans de la malora (mauvais sort) ainsi que l’héroïsme désenchanté des partisans. Fenoglio a été le barde des Langhe et - un partisan - le chantre le plus authentique et le plus cru qui raconta les tragédies de la guerre civile. L’un des plus grands peintres de la dernière des avant-gardes artistiques du XXe siècle, l’Internationale situationniste, est également originaire d’Alba. Presque pour rire, ou peut-être pour le plaisir, cette idée enflammait un pharmacien éclectique et très original : Giuseppe - Pinòt - Gallizio, père de la Peinture Industrielle et, avec Asger Jorn et Piero Simondo, créateur imaginatif de visions artistiques révolutionnaires. Ne manquez donc pas une visite au Centre d’études, pour vous plonger âme et corps dans l’essence des collines.
Au niveau architectural, la plus intéressante est la tour Sineo (juste face de la Cathédrale), de 35 mètres de hauteur et décorée d’élégants trilobes dans la partie terminale. La tour Bonino (un peu plus basse, au coin de Via Maestra) présente en revanche un curieux marcapiano en pierre à mi-hauteur environ et de simples arcs en plein cintre au sommet. Enfin, la tour de l’Astesiano de 30 mètres de hauteur, également avec de simples fenêtres plein cintre et un double losange décoratif, assez voyant, au sommet. La tour se trouve sur Via Cavour et se dresse entre le beau Palazzo Paruzza (siège de la Banque d’Alba, avec une tour avec loggias), la tour opposée (d’angle et basse) appelée « della Farmacia » et la Loggia dei Mercanti di Casa Sacco.L’un des meilleurs exemples d’édifices du XVe siècle de la ville.
Via Cavour conserve dans la première partie tout le tissu médiéval d’Alba, qui s’étend ensuite jusqu’à la Piazza Pertinace qui se trouve tout près. La place telle que nous la voyons aujourd’hui est le fruit des démolitions du XIXe siècle, lorsque de nombreuses maisons qui « étouffaient » l’Église San Giovanni furent démolies. Via Macrino partait autrefois de Via Cavour, alors qu’aujourd’hui on ne la retrouve que de l’autre côté de la place : c’est ce qui explique les façades estropiées, les portiques et la porte « dans le vide » de la Casa Riva du XVe siècle. L’Église de San Giovanni, bien qu’elle soit la plus ancienne après le Duomo, a subi de nombreuses interventions, y compris le renversement de la façade : des restes des fresques de l’abside, à moitié cachés, se trouvent dans la tribune de l’orgue à l’entrée sur la droite. Aujourd’hui, elle présente une façade baroque typiquement piémontaise. Depuis le XVIe siècle, elle fut église et couvent augustinien et a hérité d’une partie des œuvres de l’Église voisine de Saint François qui a disparu et qui se trouvait au fond de la place portant le même nom au bout de Via Cavour. À l’intérieur, l’Église San Giovanni abrite quelques trésors artistiques, qui mérite un arrêt, dont une toile de Macrino et un cycle de Gandolfino da Roreto (d’Asti) et des exemples de boiseries de grande valeur.
Tout aussi agréable, la Casa-forte Marro qui, bien qu’embellie par une loggia au dernier étage, conserve dans l’ensemble l’aspect sévère des remparts de la ville : à la base se trouvent les fondations d’un temple, qui à l’époque romaine donnait sur la « place du forum » (toujours la Piazza Duomo), bien valorisées par un parcours suspendu d’escalier et de verre (le panneau d’information sur place permet de se faire une idée plus complète de la carte d’Alba Pompeia).
Via Cavour débouche sur la « Pontina » (Piazza Garibaldi) où l’entrée romantique de la ville, avec le pont historique de Carlo Alberto, a été perdue. La vue depuis les bastions au nord est agréable, sur la grande « place du bétail » (places Marconi et Prunotto) avec l’aile couverte du forum Boarium si fréquente dans le Piémont. Plus loin, on peut se perdre volontiers dans le dédale des ruelles autour de Via Manzoni (qui nous ramène au Duomo), en passant devant l’Église baroque de San Giuseppe (il est possible de monter sur le clocher tandis que dans les souterrains on peut voir les vestiges du théâtre romain). La façade de Casa Cantalupo-Paglieri, se trouvant au n°5 de Via Bosio, reliant place Marconi et Via Manzoni, est intéressante, avec ses fenêtres à deux ouvertures du XVe siècle en terre cuite. Si, en revanche, nous décidons de traverser Via Manzoni et de prendre Via Balbo, nous entrons dans le quartier des prêtres (compris entre Via Balbo, Via Giraudi et Via Como), où, outre les murs d’enceinte, la plupart de l’espace urbain est encore occupé par des propriétés religieuses. Après Via Balbo, nous croisons Via Acqui, qui part de l’ancienne « Porta Cherasca » (aujourd’hui Piazza Monsignor Grassi) où un ancien mur rappelle encore la porte romaine, et où se dresse l’imposant l’évêché (Alba est, avec Asti, Vercelli et Acqui Terme, l’un des plus anciens diocèses du Piémont). Via Acqui débouche sur l’ancienne « place des Herbe (aujourd’hui Piazza Rossetti et Miroglio), c’est-à-dire à l’arrière du Duomo.
L’imposant Palazzo médiéval Caratti-Govone, aujourd’hui bien rénové, qui occupe presque un pâté de maisons au fond de la place, nous ramène dans le salon historique de la ville. En face, voici, en effet, l’imposant édifice fasciste du Civico Collegio Convitto (érigé dans les années 1930 pour accueillir les étudiants de l’école d’œnologie, institut renommé, inauguré en 1881 et parmi les premiers en Italie) qui, longe Via Generale Govone et est relié à l’Église de Santa Caterina, aujourd’hui devenue temple orthodoxe. Nous sommes ainsi arrivés sur la place du théâtre (ou « des plats » : Piazza Vittorio Veneto), théâtre qui reste la plus belle œuvre de l’architecte Busca. Entièrement restauré à la fin des années 90, le Théâtre « Busca » a été doublé grâce à une invention scénique originale qui voit aujourd’hui la scène placée au centre entre les deux salles, et qui est souvent utilisée de cette façon inédite.
Depuis la place, on entre Via Calissano, où le lycée classique « Govone » et l’Église de San Domenico constituaient autrefois un unicum, avec Santa Caterina et les autres édifices situés à cet endroit, appartenant au puissant Ordre des Dominicains. Le lycée est bien plus qu’une école classique normale de province : c’est en effet celui où Beppe Fenoglio a étudié et où Pietro Chiodi, Leonardo Cocito et Giuseppe Petronio ont enseigné.
L’église, réalisée en forme de basilique avec une nef divisée en trois, mesure environ 17 mètres de haut et 50 mètres de long : elle présente une grande abside semi-décagonale. L’élancement du pignon (le beau fronton qui décore l’entrée avec l’étrange arc brisé trilobé et la lunette) se retrouve dans les fenêtres, les arcs et les pinacles de la façade et s’amplifie à l’intérieur, où 10 colonnes, décorées du motif caractéristique en damier, et des traces de fresques de saints désormais presque illisibles, se dressent imposantes et solitaires laissant un « sentiment de vide ». Vide comblé par des croisées d’ogives nervées, décorées de fresques du XVe siècle (beaucoup se trouvent encore sous de lourds plâtres baroques). Les deux angles restaurés présentent d’importantes peintures en style lombard, probablement sur commande de la bienheureuse Marguerite de Savoie. Dans la partie de l’abside, surtout dans la chapelle sur le côté gauche, on trouve les fresques les mieux conservées, à attribuer en partie à l’École Monregalese. L’église, comme elle apparaît aujourd’hui aux visiteurs, est très différente du projet original : de la subdivision entre chapelle maior, destinée à la liturgie conventuelle, et l’église extérieure, où était célébrée la Messe pour les fidèles, il ne reste que les traces d’une œuvre en maçonnerie qui pourrait correspondre au jubé qui séparait les deux sections (comme on peut encore le voir à Vezzolano, voir it. L’Art roman de Castelnuovo Don Bosco). D’importantes remaniements ont eu lieu entre 1600 et 1700, lorsque San Domenico a abandonné la dimension monastique pour devenir une église paroissiale. Lors de cette période, de nombreuses fresques ont été perdues à cause de la rénovation architecturale à laquelle le bâtiment a été soumis. À l’époque napoléonienne, avec la suppression des ordres religieux, le couvent et l’église furent considérés comme de simples édifices publics et ont fini par devenir des abris pour les troupes et les chevaux. Avec la Restauration, l’église a été rouverte, mais elle a subi d’autres interventions. La restauration n’a commencé qu’au début des années 1980 (et est toujours en cours), grâce au travail acharné de la Famija Albeisa, institution historique de la ville. Initialement, elle a été financée grâce aux généreuses contributions de tous les habitants d’Alba.
Sur la petite place devant l’église, autrefois connue sous le nom de « piàssa dë scarpe » (la place des chaussures: de nombreuses places d’Alba portaient le nom populaire des marchandises du marché hebdomadaire), on remarque la tour médiévale abaissée de Casa De Magistris depuis le portail du XVIIIe siècle; les belles fenêtres du XVe siècle également de Casa Deca située en face, et des traces moins évidentes se trouvent dans d’autres édifices du quartier comme Casa Deabbate–Alliana et Casa Cagnasso. A l’angle de Via Calissano et de Via Maestra (officiellement Via Vittorio Emanuele II, mais personne à Alba ne l’appelle ainsi), voici l’imposante Casa Fontana-Do, l’une des résidences médiévales les mieux conservées de la ville, embellie par une série de frises en terre cuite pour décorer le marcapiano principal, au-dessus duquel, on devine les deux grandes fenêtres aujourd’hui obstruées et, surtout, la loggia du XVe siècle à arc brisé située au-dessus. La maison avait également sa propre tour, aujourd’hui incorporée à l’édifice. Tout comme c’était le cas pour la Casa Stupino voisine, que vous trouvez juste au coin de la rue en direction de la Piazza Savona (aujourd’hui la Piazza Ferrero).
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Alba et ses Hameaux
Juste à en dehors du centre historique, il y a une sorte d’Alba inconnue par la plupart des gens, précisément parce qu’elle se trouve en dehors du périmètre purement citadin. La ville n’a pas par son histoire la structure des « ventine » d’Asti, mais elle compte quelques exemples de valeur à ne pas manquer. Une étape insolite le long des routes vers les collines de la Langa ou du Roero.
En savoir plusDans la partie de Via Maestra qui est reliée à la Piazza Duomo (et qui se termine avec la Mairie de façon assez spectaculaire), il convient de citer, au n° 6, le Palazzo médiéval Bergui, (avec un très joli trompe-l’œil et deux grandes fenêtres du XVe siècle en terre cuite) et au n°7 la maison du grand historien de l’art Roberto Longhi (dont une pierre tombale nous rappelle l’emplacement). En parcourant l’élégante « promenade » de Via Maestra, parsemée de vitrines de marques connues et de truffes, on peut voir défiler également certains des édifices les plus nobles : celui des Conti Belli aux n° 16-18, du XVIe siècle mais sur un dessin d’architecture plus ancien, avec une tour en pierre abaissée et d’importants intérieurs avec des plafonds à caissons peints. Puis, à l’élargissement avec Via Belli, celui des Conti di Serralunga, datant de la fin du Moyen Age mais avec un rare exemple de loggia de la Renaissance dans la cour, qui servit de modèle pour la maison d’Alba dans le village néo-médiéval de Turin. C’est précisément sur cette petite place sans nom (« della Singer » pour les habitants d’Asti) que se trouvait, au début des années 1940, la première pâtisserie des frères Ferrero. Oui, précisément ceux du Nutella.
En continuant votre chemin, vous trouvez à gauche le grand Couvent de la Maddalena avec l’Église baroque du même nom. Le couvent, fondé en 1441 par la bienheureuse Marguerite de Savoie, abrite aujourd’hui les 21 salles du Museo Civico Archeologico e di Scienze Naturali (Musée Civique Archéologique et des Sciences Naturelles) « Federico Eusebio », avec les deux collections : l’une archéologique (pierres et tombes d’Alba de la période néolithique et d’Alba à l’époque romaine) et l’autre, de sciences naturelles (un aperçu de la flore et de la faune locales). À l’intérieur du complexe, se trouve également la bibliothèque « Giovanni Ferrero », la salle de conférence « Beppe Fenoglio » et surtout, dans la vaste cour, se tient chaque année la grande Foire de la Truffe Blanche d’Alba. L’Église de la Maddalena dont le plan central elliptique, est l’œuvre du maître du baroque piémontais Bernardo Vittone, ressemble presque à un boudoir de dames noble ; incontournable le « Cristo » (Christ) en bois du XVe siècle, le chœur du XVIIIe siècle sculpté de 48 stalles et l’urne dans laquelle ont été conservées pendant des années les reliques de la bienheureuse (transférées par la suite dans le Couvent des Dominicaines situé dans le hameau Madonna di Como). A l’extérieur, la façade mouvementée par les briques alternées et les formes baroques sinueuses (sur le style de Palazzo Carignano à Turin) constitue un unicum piémontais, bien que (ou heureusement) inachevée.
En outre, après avoir passé l’Église baroque des Santi Cosma et Damiano, il convient de voir la Casa Varaldi, de style Liberty, au n° 32 et, presque à l’opposé, le Palazzo Mermet au coin de Via Giacosa, qui a encore sa tour, bien qu’elle ait été rénovée. Ici, sur le « canton do cine » (le coin du cinéma), l’ancienne librairie Marchisio a été pendant longtemps un lieu de rencontre d’intellectuels, et le magasin actuel a conservé un plafond en bois à caissons, tandis que dans l’épicerie avoisinante, on retrouve encore les parfums et les évocations du siècle dernier. La promenade sur Via Maestra offre une succession de vitrines élégantes et de véritables « bonbonnières » du début du XXe siècle, comme les merveilleuses pâtisseries d’époque ; au coin de la Via Mazzini, en revanche, s’étend le deuxième Palazzo Bergui, chef-d’œuvre en style liberty, avec sa fenêtre arquée, très raffinée qui domine la rue.
À seulement quelques pas de Piazza Ferrero, vaut le détour le Temple de Saint Paul, imposant édifice sacré construit par la famille Paolina, fondée en 1914 par Don Giacomo Alberione. Le temple, fut ouverte au culte en 1928. De grande valeur le majestueux portail en bronze, que dans le relief des battants raconte des épisodes tirés de la vie de Saint Paul, réalisé en 1964.
Mais revenons à Piazza Ferrero. C’est sur cette place qu’ont été prises les célèbres photos du marché aux raisins, bondée de chariots et avec les terrasses des cafés pleins de sòȓa (arnaqueurs) prêts à délester les naïfs et les inconscients au billard, aux cartes ou aux paris.
Mais le temple des paris était le Sferisterio Mermet auquel on arrive en tournant à droite sous les portiques (qui longent toute la Via Roma) et en empruntant, aux deux tiers de la rue, la petite Via Toti. Ici, on jouait au ballon élastique (aujourd’hui pallapugno, en piémontais balon), le sport principal des gens de Langa. Et ici, au Mermet, encore plus qu’à l’Umberto (le café de Fenoglio), au Calissano (le « café des messieurs »), ou au Savona (le royaume de Giacomo Morra, l’hôtel par excellence, mais également restaurant et salle de billard), on pouvait vraiment perdre sa ferme, entre affaires et « tȓaverse » (paris). Le Mermet, toujours utilisé pour les championnats italiens, n’est pas qu’un simple terrain, c’est un monument. La troisième plus ancienne enceinte sportive d’Italie (et parmi les 10 premières d’Europe) a été fondée en 1857, à la suite de la suspension du jeu sur la Piaza Duomo (où l’on rejoue encore un match par an pendant la Foire de la Truffe). De grands champions y ont joué et des générations infinies de chroniqueurs sportifs (comme Giovanni Arpino), ainsi que de nombreux habitants anonymes des Langhe. Via Roma se termine enfin dans l’avenue de la gare.
N.B. : La responsabilité de la maintenance et de la praticabilité des différents sentiers est assumée par les municipalités où se trouvent les itinéraires. L'Office du tourisme ne peut donc pas être tenu pour responsable d'éventuelles déficiences, mais il se tient à votre disposition pour recueillir vos signalements afin de les transmettre aux autorités concernées.